Le chemin rural N° 1, dit de la Nuitrance a bien failli disparaître, envahi par la végétation et grignoté peu à peu par des riverains sans doute de bonne foi. Il a fallu les efforts conjugués du syndicat d'initiative et de la municipalité pour lui redonner tout son intéret de chemin de randonnée pédestre. Signalé depuis toujours sur le cadastre, ce chemin communal relie Suèvres en partant de la croix de la Pointe près du pont du Domino, à Mer en passant par le hameau de Montcellereux (origine : mon ciel heureux) En contrebas du coteau des Ragannes, il longe la petite rivière de la Tronne dans un environnement enchanteur, au milieu des touffes de sureaux, d'acacias, de saules et des bouquets d'iris jaunes, de calthas et de reines des prés.
C'est une promenade superbe dans une nature à l'état quasi sauvage qui alterne avec harmonie les bosquets, les prairies humides et les grands massifs d'arbres sombres. De grosses pierres, placées comme des bornes jalonnent le parcours : elles ont sans doute été placées là par les paysans des siècles passés pour marquer leurs parcelles.
Les trois premiers kilomètres viennent d'être entièrement dégagés par les agents communaux. Le dernier kilomètre est impraticable : il a été racheté par un propriétaire privé. Il faut alors remonter le coteau sur cent mètres à travers des broussailles basses pour retrouver la petite route et continuer la promenade vers les Landes ou la Grenouillère. Le projet du Syndicat d'Initiative est de procéder au balisage du chemin et de le faire figurer sur ses propositions de randonnées.
Sur l'origine de "nuitrance", Nicole Fiot signale que le mot est utilisé dès 1424 dans un document faisant état d'une justice particulière de la neutrance (ou nuitrance) qui se faisait et nuit et qui dépendait de la troisième église de Suèvres, aujourd'hui détruite, Saint Martin de la Nuitrance. Michel Bavoux, propriétaire du moulin de Gâtine, situé rue de la Nuitrance à Mer se souvient de feu la grand-mère Cabourg qui parlait de neutrance pour désigner la brume qui envahissait régulièrement cette petite vallée de la Tronne. Les deux idées se complètent et ajoutent une part de mystère, comme une invitation à venir suivre les bornes de pierre de ce très beau chemin.