Jean Noé, Un meunier révolutionnaire !
Jean NOE est né le 23 avril 1806 à la Chapelle Saint Martin. Fils de Jean Louis Noé et de Jeanne Pothée il a fréquenté l’école (sa signature sur le registre d’état civil lors de son mariage le 18 Juin 1829 à Suèvres en fait foi).
Sa jeune épouse, Anne Pothin, est la fille d’Urbain Pothin meunier à Suèvres à la fin du XVIIIème siècle et qui est parti à Saumur puisque Anne est née dans cette ville. Urbain Pothin revient ensuite s’installer à Suèvres.
Le jeune couple sous-loue le moulin de Fleury que Louis Gallier leur a loué au nom des propriétaires de l’époque (Louis Chenet et Anne Cousin) moyennant 550 francs. Jean Noé travaille avec ses beaux-parents.
Jean Noé et Anne ont trois filles. Une petite Anne Emelie qui nait le 30 Juin 1829 et qui ne figure pas sur les registre de catholicité,
Deux autres filles suivent cette naissance, Augustine et Marie Adeline. Seule Augustine figure sur le registre de catholicité comme étant baptisée. Marie Adeline meurt à 28 jours et sa sœur ainée Anne Emelie le 22 février 1837 à l’âge de 7 ans et demi
En 1836, ils sont toujours fermiers à Fleury qui appartient désormais aux époux Berthaulme, tanneur à Blois.
Son beau père semble s’être installé au moulin Rochard dont les propriétaires sont la famille Gouté-Berthaulme. Il y meurt le 2 septembre 1842.
Est-ce dans ces années que Jean Noé fait la connaissance d’Edouard Gouté-Berthaulme, frère de Charles. Edouard est un tanneur aisé à Blois mais acquis aux idées socialistes par sa rencontre fortuite avec Blanqui . Dans une lettre du Ministre de l’Intérieur au préfet de Blois datée du 29 Aout 1849, Edouard Gouté (Goutelle) est signalé comme un membre très actif du parti socialiste de Blois. Il fait de nombreux voyages à Paris d’où il rapporte des brochures et des correspondances destinées à être distribuées aux adeptes du socialisme dans le centre de la France. Partisan de Blanqui il s’est trouvé dans tous les mouvements révolutionnaires et il est surveillé par la police.
Avec Jean Noé, ils ont des réunions avec d’autres sodobriens connus pour leurs idées démagogiques : Maurice Court, aubergiste perruquier, Turquet, mécanicien s’occupant beaucoup de politique, Boucher, cafetier assez dangereux et très actif, Foissy, cabaretier très dangereux et assez influent. D’autres se joignent à eux : Kerpesdron Armand ; Bruère Amédée, Hubert Cyprien, Rubline Cavier Jonas, Fouquet fils, tous de Mer et Bury de la Chapelle Saint Martin.
Selon les rapports de police, ils se réunissent tous les 15 jours à Cour- sur- Loire chez Rabier-Defains. Jean Noé est bien sûr présent. Un autre homme est également désigné comme dangereux, c’est le notaire Barillon de Ménars. Ce parti démagogique actif et bien structuré a des relations avec des blésois, mais aussi avec des personnes de Montrichard et d’Orléans. Sur leur commune respective, ils tentent de s’infiltrer dans les conseils municipaux. Jean Noé se présente en effet aux élections de 1848 contre Leroux-Dutertre. Le rapport de police signale la présence de quatre rouges dans le conseil. En 1848, pendant les mois révolutionnaires des arbres de la liberté sont plantés, un sur la place de Fleury et un autre au Carroir de Lalouin. Gageons que Noé ainsi que Bury et Thomas y étaient présents et actifs. Dans une lettre du 5 octobre 1850, au journal Le Blésois, il dénonce vigoureusement les fouilles entreprises par le curé Morin au niveau de l’église Saint Lubin.
Mais la répression s’abat vite après l’élection de Louis Napoléon Bonaparte. Les rapports de Messieurs Lenormand propriétaire du château de Laloin et de Montlaur, propriétaire du château de Diziers ont suffi. Jean Noé est arrêté et emprisonné à Blois en décembre 1851. Il reste 67 jours en prison et en sort le 23 avril1852. Il est gracié par l’empereur le 16 Octobre 1852 et sa peine est commuée en internement dans la Saône et Loire.
A sont retour à Suèvres son activité semble moins engagée. Peut être fait-il partie d’une société secrète que le dénommé Rubline a réussi à constituer à Mer. Rien ne permet de l’affirmer mais un rapport de police de 1853 nous indique que la commune est considérée comme très mauvaise sous le rapport des opinions politiques que bon nombre d’individus dangereux appartiennent au comité de résistance et en rapport avec les démocrates de Mer et de Ménars. Et l’on retrouve dans ce rapport les noms de Noé, Court, Turquet, Tournois etc…
Un nouveau bail est signé le 1er Novembre 1852 pour le moulin Rochard pour la somme de 1690F. Le premier juin 1853, sa fille Augustine se marie avec François Désiré Courtin, meunier à Courbouzon. Le contrat de mariage à été fait à Menars chez le notaire Barillon. Le jeune couple vie à Suèvres avec les parents au moulin Rochard.
Le 14 Avril 1856, Jean Noé décède à l’âge de 50 ans.